Les temps du grand Amour

Il y a un moment pour tout et un temps pour toute chose sous le ciel

Un temps pour lancer des pierres, Un temps pour planter,

Un temps pour bâtir, Un temps pour danser,

Un temps pour chercher, Un temps pour s'abstenir d'embrassement,

Un temps pour pleurer, Un temps pour gémir,

Un temps pour se taire, Un temps pour parler,

Un temps pour la Paix, Un temps pour embrasser,

Un temps pour aimer, Un temps pour mourir...


l'Ecclésiaste, (encore la Bible !)

Un temps pour lancer des pierres

Comme on joue à la marelle, ou à faire des ricochets sur l'eau, le temps des jeux de l'enfance, de la fraîcheur, et de l'innocence.

Pas des simulacres amoureux plaqués par les adultes, des images ravageuses ou des problématiques adolescentes.

Un temps pour planter

... Pour planter dès l'enfance, tâche première des parents, éducateurs, tous ceux qui se donnent pour que grandisse un homme («et Dieu que c'est long !»): Une échelle des valeurs, pour avancer ou plutôt pour monter, et pouvoir faire des choix : plusieurs échelons, mais si l'on est baptisé, toujours Dieu en premier ; vraiment, pas que des mots, pas du pipeau, pas d'abord parce qu'on L'aurait choisi comme sur un étalage en faisant son marché, mais parce qu'Il nous a choisis en premier, parce que c'est certain, l'amour, y compris le «grand amour », Il en est la source et le chemin.

... La Foi, toujours plus profond, plus profond

... L'apprentissage de la maîtrise de soi, «ordonnée au don de soi » qui n'en finit jamais mais commence au plus tôt,

... Dès l'enfance, la conscience que Dieu a pour ma vie un projet d'amour, chemin de Bonheur, ajusté à ce que je suis, une vocation à découvrir et à choisir ; et ce lien de désir, spontané, fort, «évident», incontournable, entre amour, fiançailles et mariage.

... Dès la première adolescence le désir d'un grand amour unique pour la vie- pas des frissons temporaires au rabais-

... Une ou deux grandes amitiés, où l'essentiel de l'échelle des valeurs est partagé, si précieuses pour avancer ensemble au grand large, sans être « seul de son espèce »

Un temps pour bâtir

Bâtir les fondations sur le roc: sa personnalité, sa « colonne vertébrale », son identité, ses études, son travail, sa foi d'adulte, sa générosité, son enthousiasme¼sa capacité au don, toute cette mise de fond que l'on pourra un jour offrir, ... à son grand amour, ou à Dieu lui même, par amour, pour l'amour !

Un temps pour danser

Une vraie mixité, découvrir l'alter ego dans des amitiés plurielles- pas le copinage; joyeuses et libres; pour se faire grandir- et non tourner en rond ; des amitiés faites de rires et de fêtes- mais aussi de projets ; non seulement «refaire » le monde- mais le construire ensemble, rejoindre ou constituer des groupes (de vrais célibataires) où l'on se ressource parce que l'Essentiel y est partagé.

Et pas des bandes (de petits couples) sans vrai fondement, sans grand désir, où l'on échoue ses égarements... et toujours repartir à l'aventure, ouverts, à l'assaut du monde pour témoigner, le féconder... et non s'y enliser...

Un temps pour chercher

... la volonté de Dieu pour moi, et Dieu lui-même, toujours et en tout temps, en toutes choses aussi, vrai chemin du Bonheur,

... chercher ma vocation, le projet merveilleux d'amour que Dieu veut bâtir avec moi, ... et même - pourquoi pas ?- en prenant un jour du temps pour ça, rien que pour ça : partir au désert, temps de retraite, de pèlerinage, pour Le retrouver, L'interroger, le lui demander à Lui, « parle Seigneur, ton serviteur écoute ! »

... et s'il est temps chercher aussi, celui ou celle que mon cœur attend: ...il est reçu du Ciel mais n'en tombe pas directement..!

S'investir dans ces terrains fertiles du monde et de l'Eglise où puissent éclore des rencontres, prudent bien sûr, priant toujours,...mais le cœur ouvert, audacieux, sans craindre d'être conquit... ni parfois d'être conquérant.

Et surtout espérer, ...sans rêvasser ni s'obséder non plus, ni sans cesse y penser, mais d'abord en vivant, et en se donnant...

...et devenir sans cesse moi même... une personne qui aime, qui grandit, qui « est » de plus en plus, parce que « le prix de mon amour, c'est- et ce sera- moi même » (St Augustin). Ce que je donnerai c'est cette personne-là : moi, tout moi, elle est faite pour ça... se donner... quelque soit ma vocation.

Un temps pour s'abstenir d'embrassement

... et pour s'abstenir de toute ébauche amoureuse qui ne soit motivée par l'unique désir réaliste de se fiancer et de se marier.

S'abstenir de tous ces gestes - même les plus petits, comme se donner la main - qui font déjà un couple,- on dit parfois un «petit» couple.

Et ce temps c'est toute son adolescence et toute sa jeunesse, tant qu'on n'est pas fiancé, ou pour déclarer son désir de se fiancer et de s'engager pour la vie

... parce que tout geste est un aveu qui engage, et par fidélité, pour tout garder pour lui, pour elle, pour nous.

Et savoir se reprendre, s'il arrivait un jour qu'un premier geste soit échangé spontanément, sous le coup d'une émotion, d'un élan du cœur qu'on aurait laissé déborder, sans qu'on soit prêt à s'engager: très vite, «lever le pied», suspendre le geste, clarifier les intentions profondes, faire la vérité, en demander pardon¼surtout ne pas instaurer une relation qui ne peut confirmer qu'elle est pour l'un et l'autre une route vers le mariage.

... S'abstenir d'embrassement: Temps du désir et de la croissance - et non de la frustration - temps pour plus tard pouvoir «aimer en grand», temps de l'espérance d'une personne que l'on attend sans la connaître: «sacrement de la croissance et de l'attente».

Un temps pour pleurer

Pleurer les larmes de la conversion, du repentir et du Pardon, demandé et reçu, si dans le temps ou pour un temps on a joué, dit des «je t'aime» - ou bien des gestes qui devraient dire pareil- sans qu'on ait décidé «prêt à t'aimer toujours», mais juste en ce moment, pour quelque temps seulement, ou simplement «on verra bien, en attendant profitons en»; qu'on soit «sorti», qu'on ait «flirté », sans aller «bien loin » ou bien beaucoup trop loin, peut-être même jusqu'à tout donner, toute son intimité, celle qu'on ne peut reprendre,...

Pleurer pour ce qu'ainsi on a gâché, abîmé, volé, blessé - au moins un peu, parfois beaucoup, mais jamais pas du tout - si souvent sans le savoir, pour faire comme les autres, que tout nous y poussait, y compris les plus proches, combler un manque d'affection, parce que c'était trop dur et qu'on était trop seul...

Et surtout, surtout : parce qu'on n'avait pas compris que notre vocation c'était un grand amour , qu'on ne le savait pas, qu'on était aveuglé, que personne ne nous avait dit « venez et voyez : celle que vous cherchez, si vous vous mariez, celle qui sera unique pour toujours, c'est un trésor, une personne vivante, pas une idée, et comme c'est passionnant, fascinant et justice à lui rendre que de prier pour elle, tout garder pour elle et pouvoir déjà commencer à l'aimer en lui étant fidèle».

Demander pardon et être pardonné, et plus encore : par la puissance de Sa miséricorde, recevoir de Dieu, ce que lui seul peut faire, entièrement, profondément, intégralement : « me re-établir dans le chemin pour le grand amour, me restaurer dans ma capacité à aimer, tout me redonner, pour que je puisse à nouveau donner ce que j'avais perdu... en adhérant maintenant de tout mon cœur et de toutes mes forces à cette nouvelle loi d'amour qu'est la fidélité à mon futur amour,...

Et puis prier aussi, pour ceux ou celles que j'ai blessés, dans les errements de cette vie passée, les petits ou grands trésors que je leur ai volé : qu'à leur tour ils puissent être guéri de ces blessures d'amours faussées, retrouver le chemin du véritable amour.

«Et maintenant, converti au «grand amour unique pour la vie » je témoignerai, je proclamerai mieux que quiconque qu' il y a « un avant et un après », combien c'était l'ombre et maintenant la lumière, parce que l'ayant vécu, je sais combien ça peut faire mal parfois, de n'aimer qu'à moitié, ou d'avoir fait semblant d'aimer, d'avoir été trompé, et comme c'est fatigant, écoeurant, emprisonnant, sans cesse d' être à l'affût d'un autre et de n'être qu'une proie; et combien c'est libérant, au contraire, quand nous est révélé qu'il y a un temps pour tout, et que tout vient à temps, de vouloir tout donner et se donner soi même, que c'est un vrai bonheur d'être ouvert sur demain en vivant libre aujourd'hui: de construire le plus grand, alors qu'on est parti d'en bas.»

Un (autre) temps pour pleurer

... Les larmes de rage, contre moi, ma lâcheté, ma faiblesse si un jour j'ai trahi, j'ai craqué...

«Cette fille, elle me cherchait, l'ambiance était dégueulasse, je n'ai même pas eu le cran de me tirer... elle s'est collée sur moi, je crois bien que c'est elle qui m'a embrassé - à moins que ce ne soit moi ? Je ne sais plus en tout cas je ne l'ai pas repoussée... alors que j'aurais pu, au contraire, j'en ai repris, j'ai consommé sa bouche, qu'elle avait trop belle... mais cette boite pourquoi y suis-je allé, rien ne m'y obligeait et avec eux en plus, je savais bien en acceptant que ce n'était pas pour moi, j'étais trop fragile, et en plus j'avais bu, et puis «basta, foutaise que le grand amour!», j'ai fait comme s'il n'existait pas : moi, oui, moi !.. qui me croyais très fort, me voici humilié, et triste, triste d'avoir tout gâché!

et maintenant je pense à elle, mon grand amour à venir, mon unique amour comme je voudrais lui demander pardon! Et toi aussi, toi qu'hier j'ai embrassée, ne devrais-je pas te demander pardon ? Toi que je n'ai pas su respecter, qui peut être au fond sans le savoir n'attend que ça, croiser un homme, un vrai, qui te révèle que toute femme est un trésor sacré, qui te respecte trop pour vouloir te toucher sans que ce soit pour t'aimer en grand,...

Alors pour moi aussi, après celle de la rage,... les larmes du regret, mais surtout du Pardon, de ce sacrement de réconciliation, demandé et reçu,...

et je repartirai, relevé, restauré à mon tour dans la fidélité, lumineux à nouveau, avec l'humilité en plus, et je sais maintenant ce qui rend vraiment fort : et c'est de se connaître, de se savoir fragile, qui rend suffisamment prudent, savoir qu'il y a des choses, des lieux, des personnes , qui ne me font pas grandir, dont pour un moment et parfois pour tout le temps je dois m'écarter, que c'est à ça d'abord qu'il faut savoir dire non, et surtout reconnaître que le grand amour c'est parfois un combat, qu'on a besoin de Dieu, car c'est lui notre force, qu'il faut le prier chaque jour, ce que je ne faisais pas, plus, ou si peu, et se servir à fond de tous ces sacrements d'amour, et aussi m'appuyer sur l'Eglise, ses pasteurs, tous mes amis dans la foi ».

Un temps pour gémir

... parce qu'il est dur parfois et même très dur, de se garder, de contenir les désirs, le besoin d'affection, de n'être qu'un seul quand autour de soi tout le monde est à 2 ou fait semblant de l'être... oui Seigneur garde-moi, préserve-moi, montre-moi tes chemins...

... parce qu'il peut arriver qu'on trouve le temps bien long, surtout quand le temps passe, ou qu'une fois, plusieurs fois même parfois, on a tâtonné, pas pu se décider, ou bien qu'on s'est trompé,...alors on peut douter, se décourager : où est-il donc celui ou celle que j'attends, existe t-il seulement?

Gémir... sans trop récriminer, mais gémir comme on prie, comme on s'épanche dans la prière, ou le cœur d'un ami

... et dire encore «Ta volonté soit faite », alors qu'en moi tout crie «surtout la mienne ! »

... vivre dans la confiance

... et surtout Vivre - pas s'étourdir- chercher en vivant plus, en aimant plus et plus profondément encore, aimer dans le présent, avec le Seigneur pour ami, parce que c'est d'abord ça la vocation de l'homme, d'aimer aujourd'hui, dans la docilité à son Esprit, quelque soit son état de vie.

Un temps pour se taire

... taire à l'autre ses sentiments même les plus violents, si ce n'est ni le temps ni l'âge de se fiancer, raisonnablement, manifestement, indéniablement...

... et même lorsque c'est l'âge et le temps, taire encore à l'autre pour quelque temps encore, suffisamment longtemps, ses sentiments naissants pour les laisser mûrir, grandir... ou au contraire s'atténuer, et même parfois mourir à temps, se taire assez longtemps pour n'user de ces mots, qu'en désirant se fiancer, un jour pouvoir annoncer «je t'aime» en pouvant ajouter, «je veux t'aimer toujours ».

Un temps pour parler

... dans quelques amitiés mixtes, parler, parfois en groupe mais aussi tranquillement, vraiment, profondément, entendre les aspirations essentielles, et se regarder, s'écouter, pas juste bavarder, pas juste s'amuser,... et communier parfois ensemble, dans l'amitié, à de vraies aventures communes - pas seulement des loisirs- en groupe de vrais amis, où le plus essentiel est aussi présent- et c'est bien Dieu lui-même pour un chrétien.

... Avant tout aveu, bien avant,... temps pour établir une amitié «privilégiée », qui s'investit plus fortement qu'avec tout(e) autre,... ce désir plus fort d'être ensemble, de se connaître, où l'on multiplie les occasions d'échanges, plus profonds, plus personnels encore, et de rencontres,... où un amour naissant peut s'épanouir , se chercher sans se dire, dans l'un ou l'autre cœur, ... dans l'un et l'autre cœur... «peut» s'épanouir, mais ne «doit» pas- pas nécessairement...temps de maturation et d'ouverture, ou l'on est libre, libre, libre…où «tout» est possible autant que «rien», parce que rien n'est engagé, parce que tout, absolument tout, encore garde la forme de l'amitié, gage de cette liberté, y compris celle d'interpréter les sentiments de l'autre, ou de ne rien interpréter… où l'amour peut prendre sa place, sans se forcer ni forcer l'autre, libre et ténu, qui rien ne prend ni ne touche, tout à la joie secrète de se retrouver, d'en multiplier les occasions,… et de laisser grandir cette forme d'intimité, sans geste, sans aveu… où seuls les cœurs amis cherchent à s'ajuster…jusqu'à ce jour peut-être, où l'un, l'autre, ou les deux se dévoilent… parce que l'amour déborde …que mon corps, mon cœur, mon intelligence, mon esprit, ma sagesse, ma prière : tout en moi témoigne… que je voudrais l'aimer toujours…

Un (autre) temps pour parler

…L'aveu, enfin !… se jeter à l'eau, souvent en tremblant, car on sait tout ce qu'on engage, par la parole et le geste, le geste ou la parole …et tout geste est un aveu qui engage, amorce les fiançailles, et si c'est le geste qui vient en premier, la parole, vite, doit pouvoir le confirmer « Je t'aime, je veux t'aimer toujours, t'épouser, m'aimes tu, veux tu m'aimer toujours, m'épouser ? »…Un oui, un autre oui et l'on est « fiancés », c'est à dire décidés à se marier.

Un (autre) temps pour se taire

…encore…aux autres ne rien montrer, et garder très secret, sauf à une poignée de vrai confidents - prêtre, ami très sûr, parents - un amour déclaré mais qui tâtonne encore, ou si le «oui» de l'un attend encore celui de l'autre, ce temps que l'on appelle alors « pré -fiançailles » pour rester libre, libre, libre

... jusqu'au jour où l'on est vraiment décidé et qu'on peut annoncer…qu'on est fiancé.

Un temps pour la Paix

...Pas celle du calme plat - difficile quand on a le cœur en ébullition !-

mais la paix intérieure, celle qui entoure le discernement, que l'on cherche aussi dans la prière, qui témoigne que l'aveu est juste, que notre décision est la bonne quand on décide de se fiancer,

la Paix qu'il faut rechercher si l'on vient à douter, et si elle ne revient pas, l'entendre comme un signal d'alarme.

Un temps pour embrasser

… enfin !… et c' est le temps des fiançailles, pas avant, pour s' embrasser mais pas tellement plus, …garder la distance pour mieux se contempler, s'éprouver encore, cultiver le désir, encore et encore, et l'apprivoiser aussi sans s'y noyer trop tôt

…fiançailles «sacrement de la distance», des fondations de l'amour passées au crible de l'abstinence, pour éviter la confusion d'une trop grande fusion, épreuve du feu, parfois le corps en feu…vite recalculer la distance !…où l'on prend une leçon en grand de la maîtrise de soi, pour demain mieux se donner plutôt que de se prendre, école de patience - encore !- et de simple tendresse : pierres précieuses des futurs rapports amoureux et de toute la vie à deux.

Un (autre) temps pour s'abstenir d'embrassement

…Et de tout geste «public» qui révélerait notre secret d'amour à nos proches, camarades, amis …tant qu'on ne leur a pas annoncé… qu'on était fiancé c'est à dire décidé à nous marier!

Un (autre) temps pour parler

...Parler encore, pendant les fiançailles, Non pas que des préparatifs du mariage (un peu quand même bien sûr!).Mais parler encore et encore, pour approfondir encore, et toujours plus profond,

... et écouter aussi le premier invité aux noces : Dieu lui-même, et prier ensemble, et dans son Eglise, en prenant vraiment du temps avec Elle, retraite, lecture, et réconciliation et pas seulement bonjour au revoir monsieur le curé, tarif réglementaire, trois ptits tours et puis s'en vont...

Un temps pour bâtir

... et creuser plus profond encore ...les fondations du mariage pendant les fiançailles, tout partager, et développer ce goût de se parler passionnément, devenir comme de grands amis - bien inestimable pour toute la vie ! - confronter à fond toutes les options de fond, si ce n'est déjà fait et encore plus à fond si c'était déjà fait... échelle de valeur, foi, respect de la vie, famille, fécondité,

...parfois se disputer, déjà se pardonner, école de l'amour

...et savoir qu'encore on est libre, au point même s'il le fallait, si douloureux - et si juste pourtant lorsque l'erreur fait jour - de tout arrêter, rompre les fiançailles on est fiancé, pas encore marié.

Et si cela arrivait, c'est même par fidélité qu'il faudrait le faire. Fidélité à celui que finalement j'épouserai vraiment, si je me marie,...et c'est certain, je ne l'aurais pas «trahi(e) », je me serai trompé, ce qui d'aucune manière, n'est une trahison

Un temps pour aimer

…Corps et âme, enfin ! ... Dans le mariage seulement, parce que seul Dieu lui-même et pas nos corps tout seuls peuvent dire 1 + 1 = 1...

Et qu'alors sans aucun doute possible on est sûr, certain, entièrement confirmés, garanti -puisque du sceau du sacrement puis de nos corps donnés on est marqué- que l'autre est bien ma vocation et que je suis la sienne.

…et prendre le temps encore d'apprendre à s'aimer, patiemment souvent- n'a t-on pas toute la vie ? - découvrir dans la tendresse, et la délicatesse, tous ces trésors d'intimités offerts, toujours plus chercher l'union des cœurs …en même

temps que des corps…

Un temps pour enfanter

… Désir incontournable du grand amour, fécond par vocation, enfanter : des petits d'homme avant toute chose bien sûr, mais tant d'autres choses aussi à féconder, par débordement d'amour, trop grand pour nous tout seuls, sur le monde, l'Eglise, les autres et les plus pauvres.

Un temps pour aimer

…Et c'est tout le temps, sans retour en arrière, chaque jour choisir encore l'amour, pour ce jour et jusqu'au dernier souffle, fidèle envers et contre tout, le don au vent et le pardon en bataille, …Dieu avec nous, garant et agissant !

…pour s'aimer fidèlement, en s'appuyant aussi toujours sur Celui qui est l'Amour, s'abreuver ensemble à la Source de tous Ses sacrements d'amour…et aussi sur Marie- notre Mère bien aimée, reine du « Oui » : à elle s'accrocher, sous son manteau nous abriter .. sur notre amour la laisser déployer toute sa royauté !

Un temps pour mourir

Parce qu'il sera temps, qu'on aura aimé jusqu'au bout, qu'on aura tout donné, richesse et pauvreté, le corps fripé, le cœur pétri pendant toutes ces années de notre amour et de nos mains, fatiguées sans doute d'avoir tant bâti, dans le labeur aussi,

assez maintenant pour nous laisser aller dans les bras du Seigneur, et découvrir face à face, combien, oui, Il nous avait espéré, désiré, l'un- l'autre, l'un et l'autre, l'un pour l'autre, avant même de nous bénir, et qu'à chaque instant, jamais, même dans les nuits les plus sombres, il ne nous aura lâchés …comme il l'avait promis !

Chemin pour un Grand Amour

Toutes ces étapes sont là comme des jalons, des points de référence objectifs qui permettent d'éclairer la route.

Mais l'essentiel n'est pas dans la perfection avec laquelle nous parcourons le chemin, sur lequel il peut arriver que l'on hésite, que l'on se trompe ou que l'on tombe.

Et il ne faudrait pas pervertir le « chemin vers le grand amour » en un chemin de scrupule de l'itinéraire parfait, ou une erreur serait perçue comme un échec définitif, par exemple un geste amoureux « inattendu » échangé dans un moment de faiblesse, de déroute, d'émotion mal maîtrisée ou de spontanéité mal ajustée qui serait pris comme une obligation de se fiancer sous peine de rater la trajectoire «nickel» : Non !

Le «trophée» de ce chemin exigeant c'est celui du grand amour, du projet de Dieu sur moi reçu comme un cadeau merveilleux et non pas l'esthétique et la linéarité d'un parcours aussi «parfait» qu'il ait été.

C'est de pouvoir choisir et recevoir son mari, sa femme comme une vocation, comme on trouve la perle dans un champ.

L'essentiel à conserver dans le cœur et l'intelligence c'est l'étoile, la ligne directrice et le gouvernail.

L'étoile c'est le projet d'amour de Dieu sur moi, une vocation à découvrir et à choisir, l'espérance et le désir de me préparer à un amour qui ne peut être que « grand ». (Quant il s'agit d'amour, Dieu ne sait voir qu'en grand)

La ligne directrice c'est d'exclure l'option des « relations » amoureuses temporaires de toutes sortes, pour n'envisager l'amour amoureux d'une personne, à quelque degré que ce soit, que dans la perspective du mariage avec elle (Unique lieu « envisagé» par Dieu pour que s'épanouisse un grand amour entre un homme et une femme).

Le gouvernail c'est de ne jamais «essayer» la personne- «l'amour ne tolère pas l'essai» : c'est donc de ne pas « s'installer » dans une relation où s'échangeraient des gestes et mots amoureux sans qu'on se soit explicitement choisi l'un l'autre en vu de se dire « oui » pour toute la vie, sans qu'on soit motivé par l'unique désir de se préparer activement ensemble au mariage.

C'est enfin de garder la plus grande discrétion vis-à-vis des autres, de ne pas se comporter en couple devant eux tant qu'on ne leur a pas annoncé que nous sommes fiancés, c'est à dire décidés à nous marier.

Gardons comme un trésor en nous ce désir du Grand Amour. Nourrissons cette certitude confiante que notre vocation, ce projet d'amour et de liberté que Dieu ajuste sur ce que nous sommes au plus profond de nous, est un chemin de bonheur. Gravons en nos cœurs cette loi d'amour qu'est la fidélité au futur conjoint qui implique la nécessité de perspective ferme, explicite et réciproque du mariage dans une relation amoureuse. Alors on trouvera le chemin « qui convient » sous le regard de Dieu, on traversera les tâtonnements sans scrupules sur la « perfection » de l'itinéraire.